Êtes-vous un « malade » des maladies ?

Chère amie, cher ami,

Est-ce que vous êtes un « malade » de la maladie ? Car il y a une véritable épidémie d’hypocondrie qui se propage depuis quelques années.

Vous le savez, l’hypocondrie c’est la peur irraisonnée d’être atteint par une maladie, alors qu’il n’y a AUCUN symptôme.

Vous pouvez faire un petit TEST ici, sur le site de Passeport Santé.

Mais en général, on sait si on est hypocondriaque ou non !

Le premier à aborder vraiment ce sujet, c’est Molière avec le personnage d’Argan, son « malade imaginaire » !

Mais ce n’est pas que du théâtre : regardez autour de vous, je suis sûr que vous connaissez aussi des hypocondriaques qui se voient mourant dès qu’ils ont un « pet de travers » !

  • Un trou de mémoire ? Sans doute un Alzheimer précoce !
  • Des fourmis dans le bras gauche ? C’est sûrement un infarctus.
  • Un point de côté ? Un cancer du foie qui s’annonce…

C’est le paradoxe ; à force de se croire malade en permanence, on a réussi à développer une vraie maladie : l’hypocondrie.

D’où ça vient ? Chacun a sa petite théorie sur le sujet.

  • Pour le professeur Michel Lejoyeux, psychiatre à Bichat, les « névroses médiatiques » autour des questions de santé peuvent accentuer le phénomène.
  • Pour le philosophe Bernard Andrieu, l’hypocondrie s’est développée parce que notre société valorise le corps esthétiquement, mais aussi comme “capital santé”. On le regarde, on le scrute, on en prend soin.
  • Pour la psychologue Michèle Declerck, l’hypocondrie peut aussi remonter à l’enfance. Pour elle, « si notre mère nous a témoigné de l’amour par une trop grande attention à notre santé, l’enfant devenu adulte se sent obligé de se porter la même attention ».

C’est peut-être là la meilleure explication.

L’hypocondrie s’installe surtout lorsque la maladie entre en résonance avec notre histoire personnelle : si un frère ou une sœur, malade, nous paraissait recevoir plus d’attention, ou si nos parents ne semblaient nous manifester d’affection que quand nous étions souffrants…

Les obsédés de la santé ont souvent été PAS ASSEZ ou TROP soignés dans leur enfance !

Le problème, c’est que si l’hypocondriaque trouve un plaisir masochiste à ne jamais aller bien, il finit aussi par ne plus savoir profiter de la vie… et par mettre sa santé vraiment en péril.

Attention au stress

Les premiers signes de l’hypocondrie apparaissent souvent vers 30 ans. En effet, c’est l’âge auquel nous subissons le maximum de pressions, entre le travail et les responsabilités familiales. On ne trouve plus un moment pour souffler et, au bout de quelque temps, un mal de tête ou de dos vient nous rappeler que l’on n’est pas Superman.

Alerte rouge, on ne peut pas se permettre de craquer ! Alors, on surfe sur les forums médicaux du Net et on s’essaie à l’automédication.

Risqué et surtout vain, puisqu’on ne s’attaque pas à la cause des symptômes…

Une manière de détourner l’angoisse

Les personnes naturellement anxieuses sont ainsi plus disposées à devenir hypocondriaques. D’ailleurs, leur nervosité occasionne un réel cortège de troubles physiques : palpitations, troubles digestifs, insomnies…

Les artistes sont aussi particulièrement vulnérables.

Tous les hypersensibles ont ainsi tendance à scruter à la loupe la moindre de leurs réactions physiques ou psychologiques.

Au risque d’en devenir esclaves ! Leur armoire à pharmacie déborde : vitamines, antidouleur, calmants, dopants, euphorisants… et chaque jour les voit avaler leur lot de gélules sans qu’il y ait de réelle amélioration.

Face à cette absence de résultat, la peur finit par s’insinuer : et si c’était plus grave ? Ce cœur qui bat la chamade, ne serait-ce pas un début d’infarctus ?

À force de se palper les seins ou de surveiller ses grains de beauté, on se demande si une légère anomalie n’est pas apparue.

On multiplie les consultations et les analyses, qui ne rassurent qu’un temps, voire plus du tout, dans les formes d’hypocondrie les plus aiguës.

Êtes-vous un cybercondriaque ?

Aujourd’hui, 7 Français sur 10 consultent le web avant d’aller chez le médecin et Internet est devenu le deuxième moyen de s’informer, devant le pharmacien.

Conséquence, les psychiatres ne parlent plus pour ceux-là d’hypocondrie, mais de « cybercondrie ». Des malades compulsifs de l’info médicale, qui passent leur temps à consulter sur internet. Cela préfigure le virage vers la télémédecine telle qu’elle est pratiquée aux Etats- Unis.

Un danger sur lequel le professeur Lejoyeux insiste : « À cause de leur grande vulnérabilité, les cybercondriaques s’exposent sur Internet à l’achat de médicaments miracles et de poudres de perlimpinpin auprès de n’importe quel charlatan. »

D’où l’intérêt d’être plus que jamais bien informé et de lire des lettres et des revues rédigées par de bons experts !

Vous n’êtes pas seul : voici quelques hypocondriaques célèbres

« Je ne lisais pas la description d’une maladie que je ne crusse être la mienne. Je suis sûr que si je n’avais été malade je le serais devenu par cette fatale étude. Trouvant dans chaque maladie des symptômes de la mienne, je pensais les avoir toutes. »
Jean-Jacques Rousseau

« Check-up, prise de sang, je ne veux pas mourir d’une maladie que je peux éviter ».
Thierry Ardisson

« J’ai peur des maladies. La mort ? Oui, j’y pense tout le temps parce que je suis hypocondriaque et que ça ne s’arrange pas avec l’âge… [J’ai] l’obsession de la dégénérescence du corps, j’y pense tous les jours. »
Michel Blanc

« Je ne suis pas un hypocondriaque, je suis un alarmiste. Il y a une vraie différence entre un hypocondriaque et moi. Moi, je n’ai pas des maladies imaginaires, mais des maladies réelles. »
Woody Allen

Que faire si votre conjoint (ou un ami) est hypocondriaque ?

  • Rassurez-le, il y a un gros rhume et 37,8 °C, ce qui, chez lui est élevé ! « Tu es sûre que ce n’est pas grave ? », plantant sur vous son beau regard d’épagneul en détresse. Dites-lui ce qu’il souhaite entendre : « Non, ce n’est pas grave », mais reconnaissez avec lui que c’est néanmoins une situation désagréable !
  • Ne jouez pas au docteur ! Incitez-le plutôt à voir un médecin s’il y a danger, car même un hypocondriaque peut être vraiment malade.
  • Ne le maternez pas, Certes, votre empathie et votre disponibilité le rendent très reconnaissant (que deviendrait-il sans vous ?), mais cela l’entretient aussi dans son malheur.

Et puis, vous qui vous intéressez à votre santé et pas à vos maladies, aidez-le à améliorer son hygiène de vie, en faisant du sport par exempte, peut aussi aider à diminuer son stress.

Et s’il est bon de se gausser parfois de nos malades imaginaires préférés, apprenons aussi à faire preuve d’un peu plus d’écoute et d’indulgence à leur égard. Ce sont quand même des malades…

Et vous, chers lecteurs et lectrices, ne seriez-vous pas quelque peu enclins à l’hypocondrie ?

J’espère que la lecture régulière de mes lettres vous donne les clefs pour prévenir les véritables maladies et pour faire face aux vraies maladies quand hélas elles surviennent !

Je vous quitte provisoirement en vous laissant méditer la maxime du poète Juvenal :

« Mens sana in corpore sano ».

Alors il vous reste à profiter de l’oxygène des arbres en marchant dans la forêt ou les parcs publics pour éclaircir votre cerveau.

Portez-vous bien !

Jean-Pierre Willem

50 commentaires pour “Êtes-vous un « malade » des maladies ?

  1. Merci Dr Willem pou toutes vos lettres c’est toujours très intéressant, instructif,
    Et sans marketing.
    Remerciés.

  2. Un seul mot: MERCI!
    Parce que je suis une “cérébrale”, seuls les mots lus percutent! On peut me les “dire”, je peux me les “répéter” mentalement, seuls l’écriture fait mouche.
    Donc, MERCI, de me les avoir écrits et envoyer dans votre lettre d’infos au sujet de l’hypocondrie!
    Belle journée Dr Willem

  3. Bonjour,
    En effet l’hypochondrie est une maladie dont les anxieuses sont porteuses: j’en parle en connaissance de cause !
    Et nous devenons en effet de cyberhypochondriaques!
    Mais je dois dire qu’il y a aussi des effets déclencheurs : cancer d’un enfant. Peur des récidives, alertes au moindre symptôme ( maux de tête, rhume, angine…)
    Tout cela nuit au bien être et à la sérénité malgré yoga, randonnée…
    La peur de mourir ou de voir mourir un être aimé empêche littéralement de vivre de profiter du moment présent .
    M. Cymes vient de publier un livre sur ce thème. A lire .

  4. Bonjour Docteur
    Vous etes vraiment drole. Cela fait beaucoup de bien de se dilater la rate en se levant le matin.
    Vos expressions sont charmantes mais leur contenu l’est encore plus.
    Bravo pour votre travail.
    Sincerement
    Ginette
    Une quebecoise americaine

  5. Nous faisons tout mal , mais les symptômes sont là pour nous prévenir que nous devons maintenant supprimer une partie de nos erreurs qui en sont la cause . Il faut donc chercher la cause de tous nos symptômes et les supprimer . Mais la médecine nous cache la vérité , et si quelqu’un nous avertit , alors nous le dénonçons , parce que c’est commode pour nous .

  6. c’est la troisième fois que je clique pour me désinscrire de votre lettre. Prenez vraiment en compte ma désinscription SVP. Merci

  7. Bonjour Docteur Willem,

    vous dites: “Vous le savez, l’hypocondrie c’est la peur irraisonnée d’être atteint par une maladie, alors qu’il n’y a AUCUN symptôme”.

    Bon, mais ce n’est pas parce qu’une maladie n’est pas bien connue en France, même par les médecins qu’une personne qui a beaucoup de symptômes gênants (32 dans mon cas) est un malade imaginaire! Le médecin de base conclut vite “c’est dans la tête”! ou ordonne du Prozac pour se débarasser, Ca fait vraiment avancer les choses quand ça ne conduit pas à la catastrophe.
    Exemple: fibromyalgie niée ici il y a encore quelques années alors qu’elle était reconnue par l’OMS depuis plus de 10 ans; métaux lourds, maladies environnementales, problèmes intestinaux (leaky gut..), hypothyroïdie cachée, non détectée depuis plus de 30 ans -> déliquescence globale etc, Nous sommes très nombreux à souffrir de ces affections; faute d’être pris en charge par la médecine officielle, pour survivre nous devons rechercher des solutions alternatives / Seignalet etc ou contacter l’outre atlantique où la médecine fonctionnelle, holistique fait des merveilles, souvent sans effet secondaire. ( En France dans 10 ans?) Le problème de la mise en musique n’est pas résolu pour autant car il faut ensuite trouver ici le médecin ou le thérapeute qui voudra bien vous coacher, assurer la compatibilité avec les traitements à vie existants, vous ordonner des traitements complémentaires (kiné au sens large) et dire que certains osent appeler ça du nomadisme médical!

    Et si le malade a des problèmes cérébraux, va-t’il pouvoir gérer tout cet échafaudage? va-t’il pouvoir assurer financièrement? car, bien sûr tout ceci est non remboursé SS.

    Et dans tout ça, ceux qui ne sont pas au courant et ne vous ont pas accompagné dans votre recherche se permettent de dire qu’on est hypochondriaque!
    Il y a également beaucoup de maladies qui ne se voient pas,”!

    Bien entendu, l’article convient bien aux petits bobos.
    Plus généralement, je trouve cet article un peu facile.
    Je partage l’avis de Woody Allen

    Lecture recommandée: Sophie Benarrosh: “Non, ce n’est pas dans ma tête…ni dans la vôtre”
    Leduc éditions..

    Merci tout de même pour toutes vos conférences, livres et conseils, difficiles à appliquer seul dans son coin.
    Quant à mon médecin référent, malgré toute sa dimension humaine, il n’a pas le temps de regarder les livres que je lui ai donnés. (Dr Perlmuetter, Dr Magnien),

  8. A force de lire les différents supports santé dont je suis abonnée ou l’on ne parle que de cancers, de problèmes d’intestins “cerveau de notre corps”, Azeilmer etc… Toutes ces lectures finissent par m’angoisser et je me pose beaucoup de questions sur des maladies potentielles qui peuvent m’arriver !!! Je me demande si je dois continuer à lire toutes ces informations. Qu’en pensez-vous ?

  9. Bonjour,
    J’ai lu avec attention votre lettre sur l’hypocondrie.
    Je pense que quasiment tout le monde est un peu ou beaucoup hypocondriaque.
    On n’y pense pas et puis l’assurance malafie vous envoie une lettre pour le dépistage de tel cancer. Vous faites d’horribles examens inutiles ou dangereux (mammographie qui peut faire très mal d’après l’expérience familiale)… ou bien vous avez vu mourrir un membre de votre famille d’un cancer, avec ce traitement qui fait plus souffrir que la maladie et qui vous tue dans la majorité des cas… d’ailleurs je me demande comment des gens acceptent encore ce traitement quand on voit que même des gens célèbres n’ont pas pu être guéris avec ce traitement.
    Alors oui on peut être hypocondriaque mais cela est bien entretenu par l’allopathie, les dépistages, les traitements chimiques qui vous tue à petit feu…
    On a parfois plus peur des traitements que de la maladie. Car le traitement chimique détruit toutes mes cellules même les saines, ce qui affaibli l’immunité empêchant le cancer de disparaitre véritablement.
    Longue vie à votre lettre d’informations médicales que j’aime lire passionnément.
    Bien sincèrement.

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