Chers amis,
L’écoute n’est pas une démarche ; l’écoute existe en elle-même.
Faire silence pour être en rapport avec la Présence et faciliter à travers nous sa manifestation quand elle décide de nous communiquer un message intuitif.
Loi du silence
Le silence en soi n’est pas une idée. C’est un fait. C’est l’insondable infini et lumineux dans l’expérience ; c’est l’intemporel qui délivre l’esprit du passé ; c’est une perception nouvelle d’une réalité infinie qui libère de la crainte de la mort en mettant l’être en relation avec le « Sans Limite » et le « Sans Temps ».
Le silence fait accéder à l’unité, à la sérénité. À la nourriture matérielle, il ajoute la nourriture spirituelle : la relation. Grâce au silence, l’homme découvre un nouvel art de réfléchir, d’élever le débat, d’introduire la loyauté – car dans le Cosmos on ne triche pas.
« Les âmes se pèsent dans le silence, comme l’or et l’argent se pèsent dans l’eau pure, et les paroles que nous prononçons, n’ont de sens que grâce au silence où elles baignent ! »
MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, essai « Le silence », 1896.
L’art d’écouter
Quand deux personnes ont des besoins contradictoires, la seule solution semble être que l’une renonce aux siens. Et s’il existait un moyen de penser différemment ? Un moyen d’aplanir les différends, de construire des relations solides, de prendre du recul et de considérer une situation dans son ensemble ?
Ce moyen existe. Il a pour nom l’écoute. Mais la seule écoute ne suffit pas. Il ne s’agit pas de rester assis et de dire passivement : « Ah oui ? Et qu’en pensez-vous ? » tout en préparant mentalement sa réponse.
Il importe de savoir quelle question poser, comment écouter efficacement et que faire après avoir été entendu et compris. Il s’agit de « partager l’univers symbolique de l’autre » comme le suggérait Jacques Lacan.
L’écoute efficace n’est pas naturelle. Elle est un art à acquérir, une pratique créative. Lorsque vous écoutez, au-delà des paroles d’une personne, le contexte global de la communication, vous créez une relation avec elle. Cette relation peut durer cinq minutes ou cinquante ans. La vérité est que la communication crée – ou détruit – les relations.
L’écoute est un art mais également une compétence. Tout comme un peintre atteint la maîtrise en apprenant, en pratiquant et en répétant, il est possible de développer ses facultés d’écoute. Lorsque vous y parviendrez, vous découvrirez un monde jusqu’alors invisible et mystérieux.
Dans ce nouveau monde, vous comprendrez ce que les gens tentent de transmettre et pas uniquement ce que leurs mots véhiculent. Dans ce nouveau monde, vous dépasserez les émotions difficiles lors d’une conversation et éviterez l’escalade menant à la dispute.
Écouter et entendre
« Je suis un bon auditeur. Je peux répéter mot par mot ce que l’on m’a dit ! »
Il y a une énorme différence entre écouter et entendre. Peut-être entendez-vous et êtes-vous capable de répéter les propos tenus par une autre personne. Mais cela signifie-t-il que vous l’avez réellement écoutée ? Pas nécessairement.
Entendre est un acte involontaire qui s’accomplit lorsque les vibrations sonores des expressions vocales frappent les tympans. Sans doute avez-vous connu des situations où vous ne vouliez pas entendre, mais étiez dans l’incapacité de couper le son ?
Écouter est entendre mais également comprendre. C’est une activité participative qui demande concentration et conscience afin d’intégrer ce que vous entendez et de lui donner un sens.
Nous avons tous connu des conversations où notre interlocuteur répète précisément nos paroles alors que, à l’évidence, il n’a pas la moindre idée de ce que nous voulons dire…
Le langage corporel
Parce qu’une grande partie de l’écoute implique l’observation de signaux non verbaux, il est utile de les connaître, et de les analyser.
Voici quelques signes permettant de déterminer l’aisance ou la gêne de la personne lorsqu’elle communique.
Les oreilles
L’oreille externe et l’oreille moyenne ne sont que des organes de perfectionnement destinés à assurer la transmission plus parfaite du mouvement vibratoire jusqu’à l’oreille interne chargée de le percevoir.
La première est un appareil collecteur et la seconde un appareil de transmission, tandis que les cellules nerveuses de l’oreille interne constituent l’appareil de réception.
On se frotte l’oreille en signe d’inquiétude, de perplexité, on tire ou pince l’oreille de quelqu’un en signe d’amitié…
– Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
- C’est pour mieux écouter, mon enfant !
Charles Perrault, Conte « Le petit chaperon rouge »
Fils de l’homme, vous demeurez au milieu d’un peuple qui ne cesse de m’irriter, au milieu de ceux qui ont des yeux pour voir, et ne voient point ; qui ont des oreilles pour entendre, et n’entendent point.
Bible Sacy, Ézéchiel, XII, 2.
Les yeux
Alors que la plupart des gens pensent que nous clignons des yeux simplement pour les lubrifier, ce réflexe musculaire est en réalité un mécanisme de blocage efficace.
La plupart du temps, lorsque nous recevons une information déplaisante, nous fermons les yeux un dixième de seconde ou davantage. Ce réflexe constitue un dispositif protecteur mis en place par le cerveau le temps de traiter l’information. Si quelqu’un vous écoute et ferme les yeux, c’est peut-être parce que vos propos l’indisposent.
« Un clignement d’yeux, des tremblements, un balancement, un mouvement… tel est le langage corporel d’un homme qui souhaite s’évader de toute urgence. »
Edward R. MURROW, Journaliste américain (1908-1965)
J’allais oublier les larmes, la plus ordinaire des thérapies.
« Qui fera l’histoire des larmes ? Dans quelles sociétés, dans quels temps a-t-on pleuré ? Depuis quand les hommes (et non les femmes) ne pleurent-ils plus ? Pourquoi la « sensibilité » est-elle à un certain moment retournée en « sensiblerie » ? Les images de la virilité sont mouvantes ; les Grecs, les gens du XVIIe siècle pleuraient beaucoup au théâtre. Saint Louis, au dire de Michelet, souffrait de n’avoir pas reçu le don des pleurs. »
Roland BARTHES, Fragments d’un discours amoureux, 1977
La bouche
Un sourire sincère contracte les muscles autour des yeux. Le sourire feint – ou sourire social – relève les coins de la bouche sans impliquer les yeux.
Lorsque Kevin rencontre Charles et que celui-ci lui adresse un large sourire, Kevin observe ses yeux. S’ils sourient eux aussi, cela signifie que Charles a réellement hâte de le rencontrer ; dans le cas inverse, son sourire sert exclusivement à donner de lui une impression positive.
Si à un moment de la conversation Charles semble avaler ses lèvres, c’est signe de stress. Cela n’a rien à voir avec la vérité ou le mensonge. La tension des lèvres est révélatrice d’une tension mentale. Lorsqu’ils s’affaissent, les coins de la bouche expriment une faible intensité émotionnelle.
Se mordre la lèvre ou la joue peut également avoir des connotations distinctes. C’est pourquoi il importe de relier ces observations au contexte. Ainsi Georges W. Bush avait l’habitude de se mordre la joue quand il était nerveux ou anxieux, et Bill Clinton se mordait la lèvre inférieure quand il était sincère.
Le cou
Le cou est l’une des zones que nous avons tendance à toucher pour nous calmer dans une situation de stress. Se masser la nuque tout en parlant constitue un signe d’inconfort classique. Lorsqu’une femme se sent en insécurité, angoissée ou troublée, elle a tendance à toucher du bout des doigts une petite zone appelée fossette sus-sternale, ce creux visible entre le cou et la clavicule.
La tête
Cette autre partie du corps révèle si votre interlocuteur vous écoute ou bien sert quand vous voulez lui faire comprendre que vous l’écoutez. Quand vous vous vous adressez à une personne dans un environnement social, votre tête s’incline naturellement à un moment donné de la conversation. Vous la redressez aussitôt si cette personne mentionne un sujet qui vous intéresse.
Le front
Le front est la zone du corps qui exprime le plus facilement l’anxiété. Il présente en temps réel une image précise des pensées et des sentiments qui nous animent. Il peut facilement et clairement indiquer un sentiment de confort ou, à l’inverse, le stress, la contrariété, le désarroi.
Dans le scénario ci-dessus Charles hausse les sourcils et son front révèle aussitôt sa gêne. En plus de ces mouvements, lorsqu’il se penche en avant et se passe les mains dans les cheveux pour se calmer, son geste alerte Kevin.
Le menton
Nous avons tous déjà vu un professeur ou un thérapeute se toucher le menton ou caresser une barbe réelle ou imaginaire. Ce geste est associé à la rêverie, à la réflexion, à la pensée et au désir d’exprimer des idées précises. Il diffère de celui où la personne se touche le visage. Dans cette situation, Charles se touche le visage à cet endroit précis lorsque la série de questions de Kevin commence à l’irriter.
Lorsque quelqu’un touche son menton en marchant ou en s’asseyant, cela ne signifie pas qu’il cherche à se calmer, mais plutôt qu’il réfléchit. S’il se touche la mâchoire, il cherche à s’apaiser. Le menton peut également exprimer la confiance ou l’insécurité.
Les bras
Poser les mains sur les hanches, les coudes et les jambes écartées, constitue une attitude de puissance. Cette démonstration territoriale, typique des personnes aux manettes, dénote une présence dominatrice. Elle peut également révéler l’existence d’un problème.
Si vous voulez montrer que vous êtes intéressé et ouvert, placez vos pouces face à votre interlocuteur.
Croiser les bras peut avoir une connotation positive ou négative. Pour le déterminer, observez les mains de la personne qui parle. Si elle agrippe fermement ses bras, son geste est généralement empreint de négativité. Mais vous pouvez aussi croiser les bras en vous adossant à une chaise et être parfaitement détendu.
Dans un cadre social, croiser les mains sur la poitrine peut indiquer une certaine quiétude ; a contrario, tenir un objet tel un oreiller, une couverture ou un manteau dans ses bras ou contre sa poitrine crée une barrière psychologique.
Les jambes
Croiser les jambes indique généralement une sensation d’aisance qui se manifeste souvent en présence de personnes s’appréciant mutuellement. C’est ainsi que Charles croise les jambes lorsqu’il se sent à l’aise, mais les décroise lorsque les questions de Kevin deviennent embarrassantes.
Les pieds
Les pieds sont un indicateur d’émotion. Si une personne soulève les orteils et laisse son pied reposer sur le talon, ce geste est positif. Si elle tape du pied, révélant l’impatience ou la nervosité, il devient négatif.
Les pieds expriment également l’intention. Si vous êtes en train de parler à quelqu’un qui pointe brusquement un pied vers la porte, le message est précis : « Je dois y aller ». Rappelons que le pied est le centre nerveux le plus important : les 7 000 terminaisons nerveuses qu’il recèle renseignent le cerveau en permanence.
La main
« La main est un chef-œuvre. À la fois, elle sent et elle agit. On dirait presque qu’elle voit. C’est la disposition anatomique de sa peau, de son appareil tactile, de ses muscles et de ses os, qui a permis à la main de fabriquer les armes et les outils et aujourd’hui les robots. »
Les mains constituent les meilleurs indicateurs de messages non verbaux. Aussi quand Charles se présente à Kevin avec une poignée de main ferme, c’est un signe de domination et parfois de provocation.
Indolente, une poignée de main indique en revanche la timidité. Les dominants ont tendance à avoir des poignées de main plus fermes que leurs subordonnés, tandis que deux amis exercent une pression égale.
En conséquence la poignée de main trop ferme de Charles alerte Kevin. La situation de pouvoir est déséquilibrée, et son geste indique une confiance trop marquée.
Une poignée de main rapide dénote un manque d’intérêt ou d’enthousiasme. Plus prolongée que la normale, elle est un signe de domination.
« Une main de fer dans un gant de velours : une autorité, une volonté inflexible, qui s’exerce avec assez de douceur et d’habileté pour passer inaperçue de ceux qui la subissent. »
Présenter les mains, les paumes vers l’extérieur et les doigts tendus et écartés, est un geste largement utilisé par les politiciens qui dénote une certaine exubérance.
Lorsque nous posons chacun de nos doigts l’un contre l’autre sans que nos paumes se touchent, de sorte que les doigts forment le toit d’un clocher, nous exprimons notre confiance de la manière la plus puissante.
Envoi d’un message
Les animaux lissent leur plumage ou leurs poils afin de se rendre attrayants pour le sexe opposé. Les êtres humains sont également des animaux mais, plutôt que de gonfler leurs plumes, ils ajustent leurs cheveux, leurs lunettes, leurs bijoux ou leur cravate.
Cette attitude envoie un message très puissant en transmettant inconsciemment à l’interlocuteur qu’il l’emporte assez pour prendre soin de son apparence.
Ce comportement peut aussi s’avérer négatif, comme on peut le voir dans certains films lorsque le mauvais garçon tente d’intimider sa victime en retirant une poussière sur sa veste ou en ajustant ses lunettes.
Il s’agit alors d’un signe notoire d’irrespect et, en l’acceptant, celui qui le subit révèle ouvertement être en position d’infériorité dans cette situation délicate.
Les gestes qui vous trahissent
Nous avons tendance à penser que certains gestes sont l’apanage des bébés : sucer son pouce, enrouler ses cheveux autour de ses doigts… Or ces gestes révélateurs d’un mal-être se poursuivent à l’âge adulte. En voici quelques exemples :
- Se frotter le front.
- Se tirer les cheveux.
- Se frotter le nez.
- Se masser le nez.
- Tirer sur sa lèvre supérieure.
- Se caresser le menton.
- Se masser les oreilles.
- Tirer sur ses lobes d’oreille.
- Faire tourner un crayon entre ses doigts.
- Triturer un trombone.
- Jouer avec un élastique.
- Se frotter les doigts.
- Jouer avec ses bijoux (faire tourner sa bague ou tirer sur son collier).
Pour aller au-delà du mal-être, il faut apprendre à écouter la voix de la « Présence » par le recueillement ou la contemplation. Ne pas se contenter des sentiers battus. Savoir écouter les autres pour les comprendre. Et surtout écouter en soi, avec l’appui de notre Ange gardien (la Présence).
Portez-vous bien !
Jean-Pierre Willem
Florilège
Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
LA FONTAINE, Fables
L’homme digne d’être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu.
FÉNELON, Lettre à l’Académie
L’enfant qui veut parler ne doit écouter que les mots qu’il peut entendre, ne dire que ceux qu’il peut articuler.
ROUSSEAU, Émile I.
Et leurs relations avec Mendès-France que nous appelions entre nous d’un nom de code, Augustin, à cause des écoutes téléphoniques.
Françoise GIROUD, Si je mens, 1972
(…) de tout ce qui se dit de bons mots, de calembours, d’à peu-près dans les cafés, les casernes ou la rue, il n’y en a peut-être pas un de perdu. Chaque écoutant se l’approprie, et au bout de huit jours, s’il est fameux, plus de cent mille personnes en ont tiré avantage (…)
Jean PRÉVOST, dans Les Frères Bouquinquant (film français réalisé par Louis Daquin)
L’abbé avait fait asseoir le jeune homme près de lui comme pour une confession ; et l’écoutait avec recueillement, le buste en arrière, la tête inclinée sur l’épaule gauche, à son habitude.
Roger MARTIN DU GARD, Les Thibault, 1922-1940
Aujourd’hui on ne sait plus parler, parce qu’on ne sait plus écouter.
Jules RENARD, Journal, 1893
Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer.
André GIDE, Le Retour de l’enfant prodigue, 1907
En ce qui me concerne, je n’ai pas la chance de « prendre l’écoute » souvent et longtemps ; mais, quand il m’arrive de le faire, je m’arrange pour n’être point dérangé, pour tirer tout le parti possible de ma dépense d’attention.
Georges DUHAMEL, Manuel du protestataire, 1952
Ici Radio-Paris, ne quittez pas l’écoute : dans un instant nous vous transmettrons la traduction française de la première partie du discours du chancelier Hitler.
Jean-Paul SARTRE, Le sursis, 1945
(Rien) ne pouvait forcer Napoléon à combattre ses propres raisonnements et l’empêcher de s’écouter lui-même.
Philippe-Paul DE SÉGUR, Histoire de Napoléon et de la grande armée en 1812, II, 4, 1825
Les singes de la sagesse : « Je suis Conscient de tout ce qui se passe, mais je choisis de ne pas me laisser atteindre. »
Écouter Dieu, c’est le Meilleur ♥️
merci infiniment de votre analyse, un travail colossal. vous nous offrez chaque fois des informations et enseignements très précieux. merci de votre engagement et aide bienveillante envers nous tous🙏💖💖💖