Chers amis,
Dans nos sociétés ultramodernes et individualistes, la place de l’animal de compagnie n’a jamais été aussi importante, suscitant chez l’homme un attachement profond et des interrogations passionnées… Les chiens, en particulier, sont au centre de ces réflexions. Depuis le début de l’histoire de l’humanité, ils ont su tisser des liens affectifs avec leurs propriétaires sur tous les continents.
En France, un citadin sur deux vit avec un animal de compagnie.
Pendant la crise sanitaire, l’adoption d’animaux de compagnie a bondi en flèche, signe de notre désir de ne pas rester seuls. Ils nous rassurent, harmonisent nos relations.
Pendant des années, on les considérait, d’après notre Code civil, comme de « simples meubles ». Des intellectuels, un peu à la surprise générale, ont pris leur défense, jugeant scandaleux cette dénomination. La loi stipule maintenant qu’ils sont « des êtres vivants doués de sensibilité ».
Qu’est-ce qui, au fond, les sépare de l’homme ?
Les animaux, les plantes sont des symboles pour l’être humain qui réfléchit. Ils ont chacun une spécificité définie alors que l’être humain se doit d’être multi-opérationnel.
Le Dictionnaire des symboles reprend aussi cette référence à l’instinct, dans son premier paragraphe : « L’animal, en tant qu’archétype, représente les couches profondes de l’inconscient et de l’instinct. Les animaux sont des symboles des principes et des forces cosmiques, matérielles ou spirituelles. Les signes du Zodiaque, évoquant les énergies cosmiques, en sont des exemples. Les dieux égyptiens sont pourvus de têtes d’animaux, les Evangélistes sont symbolisés par des animaux, l’Esprit Saint est figuré par une colombe ! »
Le chien, n’est-ce pas l’amour inconditionnel, absolu ?
LE CHIEN
Chaque chien est une personnalité à part entière qui a sa dignité, manifeste son propre caractère, développe des goûts particuliers et exprime ses émotions personnelles. Tous savent nous rendre au centuple l’affection, la compréhension et le respect que nous leur prodiguons.
Si l’homme a conclu avec le chien un pacte d’alliance et de communion, ce n’est pas seulement parce qu’il lui est complémentaire et qu’il possède des facultés et des organes sensoriels infiniment plus développés que les siens. C’est aussi parce qu’il est doté d’un sens inné et inconditionnel de l’amitié, de l’amour et de la fidélité, ces vraies valeurs que nul laboratoire n’a encore pu disséquer et analyser. C’est enfin pour les prémonitions qu’il est capable d’avoir.
Certains amis des chiens n’ont-ils pas remarqué que leur petit compagnon semble parfois deviner ce que pense leur maitre ? Le chien ne devine pas : il ressent ; il sait. Tandis que les chats sont tous des médiums.
Quelle que soit sa taille, votre chien s’adaptera à votre propre mode de vie, c’est ce qu’il désire avant tout.
Les caresses seules ne suffisent pas à expliquer les bienfaits de cette symbiose. Les promenades quotidiennes régulières avec votre toutou, une demi-heure deux fois par jour au minimum, entraînent une baisse du cholestérol, une diminution de la tension artérielle, une prévention de l’obésité et du diabète, et cela quel que soit votre âge.
Parmi les animaux dont l’aide nous est précieuse, ce sont en effet les chiens qui possèdent le plus grand potentiel. Chacun connaît les chiens policiers, les chiens d’aveugles, les chiens sauveteurs qui retrouvent des victimes ensevelies, les chiens détecteurs de drogues et d’explosifs. Leur odorat, leurs capacités éducatives, leur sensibilité, leur fidélité, en font des auxiliaires remarquables.
Il existe aussi des « chiens écouteurs » (aide aux sourds), des chiens d’assistance pour les tétraplégiques et les handicapés et des chiens visiteurs. Les chiens sont de plus en plus souvent admis dans les maisons de retraite : leur apport, comme celui d’autres animaux, est reconnu dans la lutte contre les troubles du grand âge et de la maladie d’Alzheimer. Ils peuvent jouer un rôle positif en cas d’hypertension ou dans certaines maladies mentales.
Qui n’a jamais croisé, dans la rue, un aveugle et son chien guide, liés tous deux par une confiance absolue ? Le duo aveugle-chien guide est constitué en fonction du tempérament de chacun : il faut que le courant passe car un chien ne peut travailler sous la contrainte.
Comme les humains, le chien a sa propre personnalité. Il n’aime pas trop qu’on le toilette ou qu’on l’habille mais sa soumission et son attachement le poussent à tout accepter de son maître. Son affection est aussi forte que celle apportée par les chiens-guides à leurs maîtres.
Le compagnon des SDF
Ce compagnon de détresse exerce aussi des fonctions essentielles pour tous les exclus. Le chien est une sorte de prolongement de soi qui vient colmater tous les manques. Il réchauffe le corps brisé et frileux de son maître, le protège, le regarde avec une tendre insistance.
En somme, ce chien fusionnel est thérapeutique. Un pansement chaud qui enveloppe l’intégralité corporelle et psychique d’un homme brisé par l’indifférence des passants. Le chien est à la fois la niche et la couette affective du sans-abri.
Il représente une forme de « doudou » fétiche qui vient combler les carences affectives précoces qui remontent à une période essentielle où les contacts et l’attention de la mère permettent à son nourrisson d’intégrer un profond sentiment de sécurité. Ces angoisses ressurgissent dans le désespoir de la rue.
Le chien protège son maître des agressions extérieures et des angoisses internes, préservant ainsi son équilibre psychique. La nuit, livré à tous les dangers, le sans-abri arrive à dormir un peu, protégé et réchauffé par son chien.
Dans les soutiens psychothérapeutiques aux grands exclus, on retrouve, dans l’évocation de leur passé, de très nombreux traumatismes qui n’ont pas pu être assimilés.
L’empathie la plus attentionnée a du mal à colmater ces violences. Les chiens, avec leur silence et leur bienveillance profonde, y parviennent mieux. Ils restent proches et souvent très calmes. Aucune arrière-pensée ne les parasite, comme cela peut être le cas chez les thérapeutes même les plus chevronnés !
Leur seule présence arrive à apaiser les retours intempestifs des traumatismes avec leur charge d’angoisses. Les chiens restent proches et ne semblent pas étouffés par cet amour adhésif.
L’amour idéal des chiens de SDF vient combler tous les manques de liens affectifs du présent et du passé. Ils sont les mères bienveillantes que beaucoup d’exclus n’ont pas eues dans leur enfance et qui les protègent dans leur vulnérabilité.
Le chien maternel
Les mères ne sont pas parfaites mais ont un lien affectif unique avec leur bébé. Elles ont une disponibilité essentielle et sont à l’écoute de tous les besoins et de tous les désirs du bébé. Elles portent, enveloppent, caressent et permettent à leur enfant de construire ses limites et son image corporelle. Enfin, elles ont un regard profond qui observe et absorbe toutes les tensions. Ces nourritures affectives précoces sont encore plus importantes pour survivre que les biberons et les caresses.
Les chiens ne sont certes pas des mères de nourrissons. Ce serait leur prêter une intention disproportionnée.
Ils restent des animaux incapables d’assurer la structuration psychologique d’un être humain. Cependant, leur fonction de soutien psychique reste très importante à l’égard des enfants et plus particulièrement des handicapés.
Les enfants autistes ont des troubles graves du contact. Ils sont enfermés dans leur monde intérieur. Ils sont ultrasensibles et parlent très peu mais crient souvent.
Ces enfants ont besoin d’être soutenus en psychothérapie. Avec eux, les thérapeutes utilisent des jeux et des dessins, mais c’est souvent insuffisant. Il faut beaucoup innover et varier les possibilités de médiation pour tenter de sortir l’enfant de sa bulle. La zoothérapie (ou médiation animale) permet à un praticien de se faire accompagner dans sa démarche de soin par un animal, un cheval, un chat ou, le plus souvent, un chien. Après quelques semaines de contact avec cet animal médiateur, les enfants autistes arrivent à entrer en contact plus aisément.
Leur hypersensibilité tactile, sonore et olfactive est en résonance avec celle du chien.
Les autistes ont du mal à s’exprimer oralement. Le langage nécessite une élaboration mentale complexe. Avec les chiens, ils se connectent sans passer par la symbolique du langage. Pas de mots encombrants. Le monde intrusif du langage humain s’éloigne.
Le chien perçoit l’odeur particulière de ces enfants sans parole. Il doit saisir qu’il est en face d’un être singulier, mais il n’a aucune espèce d’a priori ou de jugement.
L’enfant malade de son côté perçoit la particularité de leur échange. Il s’approche sans crainte de l’animal paisible, le caresse et le triture un peu, puis, dans un moment de grâce, croise son regard. Cet échange est très profond et rappelle celui du nourrisson avec sa mère. Échanges que l’enfant autiste n’a pas pu avoir avec ses parents parce que, malgré tout leur amour, les troubles de leur bébé, son développement disharmonieux ont brouillé leur relation et les ont empêchés de se reconnaître mutuellement.
Le chien ressuscite ces premiers échanges essentiels. Ce n’est pas un miracle, juste une autre manière plus authentique d’entrer en contact. Il n’y a plus la tension ni l’attente qui étaient celles des parents, il y a juste une rencontre. La confiance s’installe rapidement, alors qu’il faut parfois des mois pour un psychothérapeute pour la susciter. L’enfant perçoit les intentions cachées des humains, il les interprète à sa manière. Mais lorsqu’il touche le chien, il ressent une émotion chaleureuse. À partir de cette ouverture, la qualité des échanges s’enrichit. Certains enfants autistes ont même amorcé un début de langage après avoir ressenti l’émerveillement de cet échange avec l’animal.
Les chiens renifleurs
Les qualités olfactives du chien sont exceptionnelles bien que difficiles à apprécier. Leur odorat serait au minimum cent mille fois plus puissant que le nôtre, ce qui est inconcevable pour notre représentation humaine. Ils possèdent des centaines de millions de cellules olfactives alors que nous n’en avons que cinq millions. Des races, comme le basset hound ou les bergers allemands, ont un tel flair qu’ils peuvent détecter les odeurs de victimes d’avalanche ou de séisme profondément enfouies ; sans eux les sauveteurs seraient souvent inutiles.
On a déjà eu des preuves de leur efficacité pour détecter les cancers de la prostate, de la vessie, des mélanomes… On tente aussi d’éduquer des chiens à la vigilance pour veiller sur leurs maîtres épileptiques : ils pourraient déceler avant le déclenchement d’une crise, des signes invisibles que l’entourage et le malade lui-même ne peuvent percevoir. Cela permettrait de sécuriser l’environnement et de déclencher l’alarme.
Mis en lumière, lors de la crise sanitaire, pour sa capacité à détecter le Covid, le flair canin pourrait aussi servir à prévenir d’autres pathologies, comme l’infarctus. Lorsque le maître met sa main sur la zone cardiaque, signalant un infarctus qui provoque une violente douleur sternale, irradiant vers le bras gauche et le cou, le chien se précipite et pose son museau sur la zone.
Au plus fort du Covid, la présence de ces chiens dans nos maisons de retraite aurait peut-être pu éviter des hospitalisations qui n’étaient pas nécessaires. On aurait pu aussi isoler plus rapidement des résidents – c’est en tout cas l’avis d’une directrice d’EHPAD.
Verra-t-on bientôt ces chiens renifleurs réclamer des caresses auprès des résidents de toutes les maisons de retraite de France ? Ce sont des bêtes qui ne parlent pas mais qui comprennent tout.
Compétences préventives
Les chiens ne sont pas seulement des médiateurs de soins exceptionnels, ils peuvent aussi être des révélateurs de pathologies organiques. Ils sont capables de déceler une hypoglycémie chez un maître diabétique : ils percevraient l’odeur spécifique qui émane de la sudation du malade avant une crise.
Déployée au sein d’EHPAD, l’utilisation du sens olfactif du chien pourrait aussi s’avérer précieuse dans le dépistage précoce de « maladies chroniques prolifératives » (cancers), de maladies dégénératives ou à développement progressif. C’est notamment le cas du cancer de la prostate, pour lequel Noona a été formée pendant plusieurs mois. Grâce à son flair, qui lui permet de distinguer les molécules spécifiques à la pathologie (une distinction confirmée ensuite par l’analyse d’échantillons d’urine), le jeune labrador réalise lui un sans-faute lors de sa démonstration.
Et les maladies sur lesquelles les chiens pourraient être formés sont nombreuses. « On travaille par exemple sur la maladie de Parkinson et on va aussi bientôt s’attaquer à la dengue », relève le professeur Dominique Grandjean. Le projet se heurte cependant au problème de la formation des animaux.
LE CHAT
« L’homme est civilisé dans la mesure où il comprend le chat. »
George Bernard Shaw
Le chat est-il nanti « d’une malice, innée, d’un caractère faux, d’un naturel pervers », comme le prétendait Buffon ? Bien au contraire ! Il est doté d’un psychisme fort subtil qui mérite toute notre admiration.
Son indifférence hautaine, sa curiosité sans limites, son refus à se rendre ou à obéir, son indépendance font de cette espèce un monde à part, un être hors du commun.
Le chat a une patience admirable, un courage tenace, une étonnante mémoire des lieux et des gens, un sens inné de la stratégie et du confort.
Le chat aussi sait aimer son maître, mais il a su conserver son autonomie ; à l’encontre de ceux qui ne le connaissent pas, il n’est pas fourbe du tout ; il prévient toujours quand il va se fâcher, et il ose, car il n’admet pas certaines choses ; à nous de le connaître, d’avoir assez d’intelligence pour le comprendre et de savoir l’aimer. Le chat est un animal mystérieux ; il est « branché » ; il a beaucoup à nous apprendre, à condition de savoir aimer, d’être ouvert et curieux.
Chaque félin, chaque « petit tigre de salon » possède une personnalité bien distincte, une individualité étonnante qu’il exprime aussi bien dans la façon de réclamer les caresses que de prodiguer ses sympathies.
L’effet bénéfique du chat ne consiste pas seulement à le toucher, à jouer avec sa fourrure, à lui gratter le crâne, mais également à établir une relation psychologique indemne de trahison et de contradiction.
Certains retrouveront à leur contact une véritable empathie dans les rapports humains, ils constateront une diminution de la tension, de la tachycardie, ou de la déprime.
Dans de nombreuses maisons de retraite, les chats sont désormais les bienvenus. On a vu des personnes du quatrième âge, multi-handicapées, les mains paralysées depuis des années, remuer de nouveau les doigts pour caresser un chat.
Dans les EHPAD, la présence de chats ou de chiens apaise les malades de type Alzheimer qui sont agités. Ces personnes, qui ne saisissent plus le sens des mots, sont sollicitées dans leur sensibilité corporelle archaïque. Le contact immédiat, authentique et chaleureux de l’animal les rassure profondément. Leur rythme cardiaque se régule et ils retrouvent de manière éphémère une qualité de contact réel, voire des bribes de mémoire que l’on croyait définitivement ensevelies par la maladie neurodégénérative. Le chien que l’on caresse favorise des processus de liaisons psychiques qui étaient totalement brouillés.
Pour les moins dépendants, l’animal permet de renouer un lien social qui rompt avec la solitude effrayante de l’enfermement du grand âge. Sa chaleur vivifiante met à distance l’angoisse de la mort.
L’odorat du chat est nettement plus développé que le nôtre : il serait cent fois plus performant, et il est à même de reconnaître plusieurs milliers d’odeurs grâce à ses 200 millions de terminaux olfactifs. Quand le nez de votre chat est humide, c’est parce que ses glandes de Bowman, qui ne s’activent qu’en cas de nécessité, ont été stimulées par une information olfactive digne d’intérêt : il entre alors en pleine phase d’évaluation olfactive de son environnement.
Dans un autre registre, le goût du chat est légèrement moins développé que celui de l’homme, avec « seulement » 250 papilles pour un chat adulte.
Voici donc de quoi faire méditer les humains et renouveler leur regard sur le chat. Comme l’observait Arthur Schopenhauer : « Aussi infailliblement que le chat se met à ronronner quand on lui caresse le dos, aussi sûrement on voit une douce extase se peindre sur la figure de l’homme qu’on loue. »
Un superpouvoir pour retrouver leur chemin ?
Chaque année, quelques chats égarés défient la chronique en parvenant à retrouver le domicile de leur propriétaire après des mois d’absence. Ont-ils un super-pouvoir ? On sait que les chats ont une mémoire spatiale ultra-performante, emmagasinant quantité de repères visuels – des routes, des habitations, de la végétation – et olfactifs, dont des phéromones qu’ils laissent eux-mêmes pour cartographier leur environnement.
Dans le cerveau de l’animal, un trajet de neurones se met en effet en place en fonction des repères enregistrés, et une sorte de carte mentale vient se superposer à la carte géographique et topographique. Associé à cela, le chat a une mémoire du mouvement qui lui permet de reproduire des actions précédemment effectuées – « ici, je saute sur ce mur » ou « je tourne à gauche à cet angle » – et ainsi retrouver facilement son chemin.
Cela ne suffit pourtant pas à expliquer comment un chat peut parcourir 600 km pour retrouver son ancienne maison… Dans ce cas, les repères mémorisés ne servent à rien car il n’est jamais passé par là !
On distingue deux hypothèses. La première, alimentée par tout un champ de recherches sur les pigeons voyageurs, serait la capacité à s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
La seconde serait la capacité à s’orienter grâce au Soleil et aux étoiles, d’autant que les félins possèdent une très bonne vision nocturne.
LE CHEVAL
Depuis des millénaires, le cheval est connu, utilisé et apprécié en Europe et en Asie. Dès l’époque reculée où il atteint son état de monture possible, il devient le principal allié des nomades indo-européens. À eux revient l’honneur d’avoir, les premiers, soumis, monté et, plus tard, attelé les fougueuses cavales peuplant les plaines herbeuses, théâtre de leurs errances.
Petit à petit, l’humanité apprend à rendre plus docile, plus maniable, ce véhicule fabuleux que les dieux ont donné à l’homme.
Et l’histoire galope…
Compagnon de tous les instants, vecteur d’une civilisation dont nous commençons seulement à émerger, c’est particulièrement par la guerre et le sport que le cheval va partout s’illustrer.
Aucun roi, aucun conquérant, aucun aventurier ne partaient en guerre sans une prestigieuse cavalerie toujours complaisamment décrite et vantée par les chroniqueurs de son temps.
Cheval de guerre et de conquête, mais aussi cheval de labour, de transport, de poste… Dans tous les domaines, il a été un facteur déterminant de l’évolution des sociétés humaines.
En retour, l’homme lui a voué sa reconnaissance et une admiration tenace, eu égard à sa force sauvage et dynamique et à la violente énergie qu’il a toujours su manifester au cours des siècles.
Ses qualités physiques indéniables, sa beauté évidente, son courage, sa fidélité, son intelligence, sa sensibilité ont été élevés à l’état d’exemples et de symbole dans un très grand nombre de mythologies et de religions.
Ceci s’explique en partie par l’étroite symbiose existante entre le cavalier et sa monture, faisant que parfois nul ne savait quel était celui qui conduisait l’autre à la gloire ou à sa perte.
« C’est une créature qui renonce à son être pour n’exister que par la volonté d’un autre, qui sait même la prévenir, qui, par la promptitude et la prévision de ses mouvements, l’exprime et l’exécute… qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s’excède et meurt pour mieux obéir… » (Buffon)
Car toutes les perfections sont incluses dans le cheval, du plus noble au plus humble. Du dieu, du génie, du conquérant, nous pouvons descendre jusqu’au plus humble cheval de charroi, jusqu’au misérable cheval de mine qui mourait sans avoir revu le jour, sans que se ternissent les merveilleuses qualités qui parent cet être d’exception.
Maintenant que le cheval n’est plus pour nous un élément utilitaire, nous ne le fréquentons plus que pour notre plaisir. Ainsi se tissent entre lui et nous des liens d’amitié pure et désintéressée dignes de lui.
Pour cela, il faut savoir le comprendre, ce que les enfants et, souvent, les handicapés, font d’instinct. Ils sont sur la même longueur d’onde, ils parlent le même langage.
Si les bienfaits de l’équitation sont reconnus depuis l’Antiquité, ce n’est que dans les années 1950 que le pouvoir thérapeutique des chevaux fut vraiment reconnu et étudié par le monde médical. Ce fut à l’occasion des Jeux olympiques d’Helsinki de 1952. La cavalière danoise Lise Hartel, qui remporta la médaille d’argent du dressage, n’avait pas l’usage de ses jambes : elle avait été frappée, huit ans auparavant, par la poliomyélite. Son exploit fit réfléchir les spécialistes de la rééducation et des problèmes de handicap. L’équithérapie (qu’on appelle aussi hippothérapie) était née.
« Dans la liste des incapacités traitées par l’équithérapie, on note déjà les scléroses multiples, la paralysie cérébrale, le lumbago, les déformations des membres, les maladies cardiovasculaires, les postures déficientes, le retard mental et les problèmes de compréhension », déclarent ceux qui l’ont expérimentée.
L’animal est branché sur l’âme-groupe, c’est-à-dire sur l’inconscient collectif de son espèce ; autrement dit l’animal est guidé par le programme de l’espèce à laquelle il appartient, inséré dans «l’ordinateur universel», il demeure toujours fidèle à sa nature et respectueux des lois naturelles, car son programme ne peut rien lui transmettre d’autre. « L’ordinateur universel » est une immense Mémoire absolue douée d’une intelligence prodigieuse qui enregistre tout ce qui peut être un progrès, et, si nécessaire, Elle adopte, ou Elle adapte.
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En ce qui me concerne, j’ai vécu un bel événement en 1977 lors d’une mission humanitaire avec « Médecins sans frontières » dans le nord de la Thaïlande. Des Hmong, une ethnie du Laos, avaient parcouru des centaines de kilomètres pour parvenir en Thaïlande. Les premiers blessés que je dus traiter étaient leurs petits chevaux qui les avaient portés. Une joie immense parcourut le groupe de réfugiés lorsqu’après avoir prodigué mes soins, je pris dans mes bras un petit cheval de 120 kilos !
Portez-vous bien !
Jean-Pierre Willem
