Le purpura du président des États-Unis

Chers amis,

Depuis quelques jours, les mains de Donald Trump affolent la toile. En effet, des photos de bleus sur sa main droite, ont alimenté les spéculations sur l’état de santé du président des États-Unis âgé de 79 ans.

Certains internautes ont même comparé cette tâche avec celle observée sur la main de la reine Elizabeth II, quelques jours avant sa mort… Face aux nombreuses rumeurs sur son état de santé, des experts ont décrypté les différentes raisons pouvant expliquer ces bleus sur sa main.

En juillet dernier, la Maison Blanche répondait déjà aux questions suscitées par ces taches. Elle attribuait notamment ces ecchymoses à l’insuffisance veineuse dont souffre le président et au recours à l’aspirine dans le cadre d’un régime standard de prévention cardiovasculaire.

En effet, l’aspirine est un fluidifiant sanguin susceptible d’entraîner un excès de saignement des vaisseaux sanguins.

Une combinaison de poignées de main fréquentes et de prise quotidienne d’aspirine serait à l’origine de ces ecchymoses. De quoi relancer les rumeurs sur la condition physique du président.

Main bleue, fond de teint grossier pour masquer une tache suspecte, chevilles gonflées : autant de détails scrutés dans les moindres recoins et largement commentés sur les réseaux sociaux.

Certains vont jusqu’à évoquer un “secret d’État” autour de la santé du président et accusent la Maison Blanche de publier des bulletins médicaux “truqués”.

Un argument qui s’appuie sur un épisode passé : en 2015, son médecin personnel avait affirmé que Donald Trump était “l’homme ayant la meilleure santé de tous les présidents élus”, avant d’admettre plus tard que la lettre avait été dictée par Trump lui-même.

Aux États-Unis, les présidents ne sont pas tenus de publier leur dossier médical. Mais la tradition veut qu’ils communiquent régulièrement sur leur santé. Ces bulletins font toujours l’objet de débats et Donald Trump n’échappe pas à la règle.

Entre transparence médicale et théories du complot, sa santé restera probablement un sujet sensible jusqu’à la fin de son mandat.

Causes bénignes et fréquentes (les plus probables)

  • Fragilité capillaire naturelle : avec l’âge, la peau devient plus fine et les vaisseaux plus fragiles ;
  • Traumatismes mineurs souvent oubliés ;
  • Exposition chronique au soleil, entraînant un purpura sénile (bleus fréquents sur le dos des mains).

Causes médicales et médicamenteuses

  • Ponctions et bilans sanguins effectués sur la main (le président étant très surveillé, il reçoit de nombreuses prises de sang) ;
  • Médicaments qui fluidifient le sang : anticoagulants (warfarine, héparine, Xarelto, Eliquis, etc.), antiagrégants (aspirine, Plavix), corticoïdes.

L’insuffisance veineuse chronique est une affection bénigne et fréquente après 70 ans. Elle entraîne un retour veineux moins efficace vers le cœur, provoquant gonflements, varices et parfois ecchymoses.

Les facteurs de risque sont bien connus : âge, obésité, sédentarité ou encore antécédents de phlébite. Cette affection ne représente aucun danger vital si elle n’est pas associée à une maladie veineuse plus sévère.

Si certains internautes voient dans ces images la preuve d’un état de santé “catastrophique”, les spécialistes sont donc unanimes : rien n’indique que Donald Trump soit “à l’article de la mort”.

D’après plusieurs experts, ce phénomène pourrait correspondre à un purpura sénile de Bateman.

Le Manuel MSD explique que cette condition se traduit par des ecchymoses et résulte d’une augmentation de la fragilité des vaisseaux due à des lésions ou à une atrophie du tissu conjonctif du derme, notamment favorisée par l’exposition solaire chronique, le vieillissement ou encore certains médicaments comme l’aspirine.

Les patients développent ainsi des ecchymoses violet foncé persistantes, généralement limitées aux surfaces d’extensions des mains et des avant-bras”, complète le Manuel MSD. “Même des frottements spontanés peuvent en provoquer”.

Le rôle du médecin est de faire le tour du problème à la recherche d’une maladie qui comporterait un purpura.

Mens sana in corpore sano : un esprit saint dans un corps sain. Cette maxime s’applique impérativement à un chef d’État.

Qu’en est-il du mental de Donald Trump ? On avait creusé sa tombe politique. Il y a planté son drapeau. On jurait qu’il ne reviendrait jamais. Il était, disait-on, fou, dangereux, vaniteux. Il piétinerait la Constitution, plongerait l’Amérique dans le chaos.

On connaît la suite : en novembre 2024, Trump est revenu, triomphal, porté par la fidélité de sa base et par une Amérique lasse des prêches démocrates.

Dix ans presque jour pour jour après son entrée en politique, l’ancien magnat de l’immobilier est devenu un chef d’État qui gouverne comme il dirigeait ses affaires : vite, fort, en imposant ses règles.

Fort de l’expérience de son premier mandat, aguerri par quatre années de mise à l’écart du pouvoir, Trump ne rejoue pas le passé. Ses méthodes sont désormais affûtées. Et ses promesses ne restent jamais longtemps dans les tiroirs. Pourtant la presse continue d’évoquer “sa maladie”.

Revenons au purpura. Il en existe trois grands types :

  1. Purpura Thrombopénique Idiopathique (PTI)

Maladie caractérisée par une diminution du nombre de plaquettes dans le sang (thrombopénie) du fait de leur destruction par un mécanisme lié à une anomalie du système de défense de l’organisme.

Ce processus est le plus souvent en rapport avec une infection virale. L’affection survient à tout âge, mais avec une fréquence augmentée chez l’enfant de moins de 10 ans et chez l’adulte jeune. Ce n’est pas le cas de Donald Trump. Ouf !

Il s’agit de l’apparition d’un purpura, c’est-à-dire de petites taches rouges sur la peau et les muqueuses, ou une hémorragie très limitée, qui survient en général 10 à 20 jours après une infection (grippe, rhume…).

Le dosage des plaquettes dans le sang confirme leur diminution.

Les deux examens qui permettent d’affirmer le diagnostic sont, d’une part l’analyse de la moelle osseuse où sont fabriqués les globules et les plaquettes (myélogramme réalisé à partir d’un prélèvement effectué au niveau du sternum), et d’autre part la mise en évidence dans le sang d’anticorps dirigés contre les plaquettes.

  1. Purpura Thrombotique Thrombocytopénique (PTT) ou Maladie de Moschowitz

Maladie rare caractérisée par des lésions des petits vaisseaux, qui s’accompagne d’une destruction des globules rouges et d’une diminution du nombre de plaquettes (thrombopénie). La cause est inconnue.

C’est une maladie auto-immune, les antigènes cibles sont les plaquettes. On note une association fréquente de cette maladie auto-immune avec certaines molécules HLA-DR. Cette affection touche des personnes de tout âge, plus volontiers les adultes jeunes et plus particulièrement des femmes. Là encore, Donald Trump est épargné.

Signes et symptômes

La présence de petits points rouges sur la peau, appelée purpura, est un signe important. Outre une fièvre, on peut observer une jaunisse (ictère) et des troubles neurologiques fugaces (paralysie, troubles de la sensibilité).

Le nombre de plaquettes dans le sang est très diminué. Les globules rouges sont de forme anormale (schizocytes = globules rouges fragmentés en forme de casque ou de triangle), en faible nombre, du fait de leur destruction prématurée dans les vaisseaux (anémie hémolytique).

La fonction du rein est également altérée (augmentation de la créatinine et de l’urée dans le sang).

Le traitement consiste en des plasmaphérèses (échange de plasma sanguin) associées à des transfusions de plaquettes et de globules rouges. On peut utiliser également des médicaments de la famille des antiagrégants plaquettaires (aspirine…).

Les progrès du traitement permettent aujourd’hui d’obtenir une guérison chez deux tiers des patients, alors que cette maladie était autrefois constamment mortelle.

  1. Purpura Fulminans

Si certaines formes de purpura sont bénignes, d’autres constituent des urgences immédiates. C’est le cas du purpura fulminans, la plupart du temps causé par un staphylocoque, un streptocoque ou un méningocoque.

Le purpura fulminans entraîne la formation de petits caillots de sang perturbant le flux sanguin. Le risque est l’hémorragie ou la nécrose cutanée, l’état de choc et les troubles neurologiques de la conscience (maux de tête, confusions, vertiges, malaise…).

Cette complication gravissime et brutale des méningites, principalement à méningocoques, est heureusement exceptionnelle.

Elle survient essentiellement chez l’enfant. Il s’agit de l’association de signes de méningite (fièvre, maux de tête, vomissements, position spontanée en chien de fusil), à un choc rapide, difficilement réversible, et la survenue de tâches rouges sur la peau qui s’étendent progressivement.

L’évolution est le plus souvent foudroyante vers une infection généralisée avec troubles de la coagulation du sang et un phénomène de choc souvent mortel.

L’ensemble de ces phénomènes est lié à la libération brutale dans l’organisme de “toxines” par les bactéries à l’origine de l’infection.

Un traitement par antibiotiques puissants doit débuter sans délai, dès l’apparition des taches sur la peau, avant même le transport à l’hôpital ou tout examen, notamment la ponction lombaire.

  1. Purpura Rhumatoïde ou Purpura de Henoch-Schoenlein

Inflammation des vaisseaux (vascularite) évoluant de manière aiguë ou chronique, touchant essentiellement les petits vaisseaux situés au niveau de la peau, des articulations, du tube digestif ou des reins.

La cause précise reste inconnue, mais un mécanisme allergique, déclenché par certaines infections respiratoires, est évoqué.

Cette affection s’observe essentiellement chez l’enfant entre 4 et 10 ans, plus souvent chez les garçons.

Le début est brutal avec :

  1. Une éruption au niveau de la peau faite de petits points rouges, survenant aux jambes.
  2. Des douleurs aux articulations.
  3. Des douleurs abdominales à type de coliques.
  4. Une atteinte des reins (néphropathie glomérulaire) se manifestant par la présence de sang et de protéines dans les urines.

Les symptômes suffisent pour porter le diagnostic. Dans certains cas, un prélèvement de tissu au niveau du rein pour un examen au microscope (biopsie) permet d’évaluer la gravité de l’atteinte du rein.

L’évolution est bénigne dans la majorité des cas avec une régression des symptômes en quelques semaines, mais les rechutes sont fréquentes.

La principale complication, heureusement rare, est une évolution vers une insuffisance rénale chronique.

Le traitement consiste en un repos au lit, associé à une prise de corticoïdes pour soulager les douleurs abdominales et articulaires.

  1. Purpura Vasculaire

Dans ce cas, les vaisseaux perdent leur capacité à conserver le sang dans “leurs tuyaux”, ce qui entraîne une extravasation et donc un purpura. Le nombre et la qualité des plaquettes sont normaux.

Le purpura vasculaire peut être lié à une inflammation chronique des vaisseaux sanguins (vascularites), à la présence d’emboles vasculaires, ou à une fragilité vasculaire.

La prise de certains médicaments corticoïdes ainsi qu’une carence sévère en vitamine C constituent des facteurs de risque. Ce tableau clinique pourrait se rapprocher du diagnostic de Donald Trump.

Doit-on garder le diagnostic officiel, à savoir une insuffisance veineuse chronique ? Ces étranges ecchymoses peuvent à nouveau faire flamber les pronostics : traduisent-elles un état de santé inquiétant (et caché) ou bien un simple aléa veineux ?

De quoi relancer les rumeurs sur la condition physique du président américain… Bon courage à Sean Barbabella, le médecin personnel du président !

Les affres du médecin

Que peut faire un médecin généraliste appelé pour un purpura ?
Il y a de quoi perdre son latin !

Avec mes 65 ans de pratique médicale, je pourrais m’en sortir et identifier une maladie auto-immune ou une pathologie cardiovasculaire. Mais qu’en est-il pour un jeune médecin ou même un jeune interne des hôpitaux ?

Exercer un métier nouveau, au cœur d’une société nouvelle, avec une demande médicale nouvelle : voici, chers futurs confrères, votre défi !

Vous aurez à faire de grands efforts pour comprendre vos confrères plus âgés qui auront conservé les réflexes humanistes d’hier ; ils auront, eux, à fournir des efforts encore plus grands pour s’adapter à la médecine numérique d’aujourd’hui.

Mais c’est positivement qu’il faut considérer l’avenir. L’optimisme est un devoir médical ! La vie est à la fois fragile et coriace. Votre rôle sera de l’aimer et de participer de toutes vos forces à son combat.

Comme le Dr Albert Schweitzer, dont je fus le dernier assistant, vous adopterez cette devise pleine d’espoir : « Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie, qui veut vivre. »

Vous constaterez cependant, tout au long de votre carrière, jusqu’à quelles extrémités déraisonnables nous poussons ce vœu dans les derniers moments, souvent misérables, de l’existence.

Chers futurs confrères, la mort sera votre compagne quotidienne. Soyez assez médecins pour ne jamais tenter d’imposer des vues personnelles en cette affaire. Ce problème vous dépassera. Ne feignez pas de pouvoir le dominer. Restez humbles et dévoués, et ne cherchez pas à sortir de votre rôle.

Le métier que vous avez choisi, malgré tout, vous interdit la morosité. Si, au cours de cette initiation, je vous ai présenté notre monde sous une lumière crue, ce n’est pas pour vous désoler, mais au contraire pour que, vous, médecins, connaissant ce qui ne va pas, sachiez-vous appuyer sur ce qui va pour améliorer tout ce qui peut l’être.

Portez-vous bien !

Jean-Pierre Willem

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Revenons à notre président des Etats-Unis.

En un coup de téléphone, je peux appeler le ministre de la Santé américain : Robert F. Kennedy Jr.

Durant la période du covid je me suis inspiré de ses analyses sur le covid qu’il avait bien étudié. Ainsi, j’ai évité les fake news qui inondaient les réseaux sociaux.

De son côté R.F.K. Jr a lu mon livre sur la maladie d’Alzheimer qui est vendu aux États-Unis, au Brésil et en Chine où je dois me rendre bientôt !

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